« L’ Acropole contient deux temples, l’Ephesium et le temple d’Apollon Delphinien : ce dernier rappelle le culte commun à tous les Ioniens : quant à l’autre, il est spécialement consacré à Artémis d’Éphèse. On raconte à ce propos que, comme les Phocéens étaient sur le point de mettre à la voile pour quitter leur pays, un oracle fut publié, qui leur enjoignait de demander à Artémis d’Éphèse le guide, sous les auspices duquel ils devaient accomplir leur voyage; ils cinglèrent alors sur Éphèse et s’enquirent des moyens d’obtenir de la déesse ce guide que leur imposait la volonté de l’oracle. Cependant, Aristarché, l’une des femmes les plus recommandables de la ville, avait vu la déesse lui apparaître en songe et avait reçu d’elle l’ordre de s’embarquer avec les Phocéens, après s’être munie d’une image ou représentation exacte de ses autels. Elle le fit, et les Phocéens, une fois leur installation achevée, bâtirent le temple, puis, pour honorer dignement celle qui leur avait servi de guide, ils lui décernèrent le titre de grande prêtresse. De leur côté, toutes les colonies de Massalia réservèrent leurs premiers honneurs à la même déesse, s’attachant, tant pour la disposition de sa statue que pour tous les autres rites de son culte, à observer exactement ce qui se pratiquait dans la métropole.
STRABON
Artémis & Appolon, les jumeaux.
Artémis et Apollon sont des jumeaux divins de la mythologie grecque, enfants de Zeus et de Léto. Leur naissance est entourée de récits mythologiques riches et variés.
Le contexte de leur naissance
Héra, l’épouse de Zeus, jalouse de l’infidélité de son mari, interdit à Léto d’accoucher sur toute terre ferme ou île éclairée par le soleil. Après une errance prolongée, Léto trouva refuge sur l’île flottante de Délos (parfois appelée Ortygie), qui accepta de l’accueillir malgré la malédiction d’Héra. Cette île fut ensuite fixée au fond de la mer en signe de gratitude.
La naissance des jumeaux
- Artémis naquit en premier. Selon la tradition, elle grandit rapidement et aida sa mère à accoucher de son frère jumeau, Apollon, car Eileithyie, déesse des accouchements, avait été retenue par Héra pour compliquer la naissance. Ce rôle d’assistante lors de l’accouchement fit d’Artémis une protectrice des femmes enceintes et des accouchements.
- Apollon, né après Artémis, est associé au soleil et à la lumière, tandis qu’Artémis est liée à la lune et à la nature sauvage.
Symbolisme
Artémis et Apollon représentent deux forces complémentaires : le jour et la nuit, le soleil et la lune. Leur naissance sur Délos est célébrée dans les récits mythologiques comme un événement divin marquant. Des cygnes auraient volé sept fois autour de l’île pour célébrer leur venue au monde
Artémis

Artémis est la déesse de la chasse, de la nature et des animaux. Elle est également associée à la lune et à la naissance. Elle préfère vivre dans les forêts avec ses nymphes plutôt que sur l’Olympe. Artémis est une déesse vierge, exigeant la même chasteté de ses suivantes. Elle protège les animaux tout en étant une chasseuse redoutable. Ses attributs incluent l’arc, les flèches, la biche et la lune. Elle est connue pour sa sévérité envers ceux qui violent ses principes ou osent la désirer, comme le montre le mythe du chasseur Aktaïon transformé en cerf et tué par ses propres chiens après l’avoir vue nue
Ephèse
Le temple d’Artémis à Éphèse trouve ses origines au Xe siècle av. J.-C., lorsque des Grecs venus de l’Attique s’installèrent à l’embouchure du Caystre, sur la côte égéenne de l’Asie Mineure. Ils découvrirent sur place un ancien sanctuaire dédié à une déesse locale de la Végétation et de la Fécondité, qu’ils assimilèrent à Artémis.
Évolution historique du temple

Les premiers temples
Les Éphésiens construisirent successivement trois temples avant le grand temple monumental. Les fouilles menées en 1908 par D.G. Hogarth ont confirmé l’existence de ces trois temples successifs sur le même emplacement.
Le temple monumental
Le grand temple monumental fut commandé vers 550 av. J.-C. par Crésus, le roi de Lydie1. Sa construction fut confiée à Théodore de Samos, Chersiphron et Métagénès. Ce temple impressionnant mesurait 115 mètres de long et 55 mètres de large, avec 127 colonnes ioniques de 18 mètres de hauteur.
Dimension religieuse
Les Ioniens de la région croyaient qu’Apollon et Artémis étaient nés dans les montagnes de la côte, contrairement à la tradition grecque qui situe leur naissance à Délos. Le site d’Ortygie fut établi comme lieu de cette naissance, devenant ainsi le centre géographique de la vénération d’Artémis
Ephèse 3DAppolon
![Copie romaine en marbre 2nd Cent. AD [?] d'un original grec en Bronze vers -470/ – 460, attribué à Kalamis ou Phidias. Paris, Musée du Louvre Photo: Egisto Sani_Flickr - CC BY-NC-SA 2.0](https://massalia.net/wp-content/uploads/2025/02/appolon-1-1-169x300.jpeg)
Apollon est le dieu des arts, de la musique, de la poésie, du soleil et des prophéties. Il est également associé à la guérison et aux épidémies. Avec son arc et sa lyre comme symboles, il incarne l’harmonie et la raison. Il dirige les Muses et est célèbre pour ses oracles rendus à Delphes. Apollon peut aussi se montrer vindicatif, punissant sévèrement ceux qui le défient ou rejettent son amour, comme Cassandre ou Marsyas. Il est souvent perçu comme un dieu solaire complémentaire à sa sœur lunaire .Ces deux divinités incarnent un équilibre entre des forces opposées : le soleil et la lune, l’ordre et l’indépendance sauvage. Leur complémentarité illustre une polarité essentielle dans la nature
Delphes
Delphes est , situé sur le versant sud du mont Parnasse à 570 mètres d’altitude. Considéré comme le centre géographique du monde par les anciens Grecs, le site est dominé par d’impressionnantes falaises rougeoyantes appelées les Phédriades.
Le Sanctuaire

Le sanctuaire est remarquable par son intégration harmonieuse dans son environnement naturel. On y trouve :
- Le Temple d’Apollon, où ce dernier rendait ses oracles via la Pythie.
- Le théâtre pouvant accueillir 5000 spectateurs où se déroulait des compétitions de chants
- Le stade où se déroulaient les Jeux pythiques l’une des quatre grandes compétitions sportives.
L’Oracle de Delphes
Le site était principalement connu pour son oracle, où la Pythie, prêtresse d’Apollon, délivrait ses prophéties en état de transe. Le sanctuaire est devenu le lieu religieux le plus important du monde hellénistique, attirant des pèlerins de toute la Grèce antique.
Caractéristiques Géographiques
Le site surplombe la vallée du Pleistos et se trouve à 18 km de la mer. Le climat y est contrasté avec des hivers rudes et des étés torrides. Le site a régulièrement été affecté par des éboulements, dont certains ont été considérés comme providentiels, notamment lors des tentatives d’invasion des Perses en 480 et des Gaulois en 279 avant J.-C.
Delphes 3D
Le chapiteau ionique archaïque
La découverte en 1952 d’un chapiteau ionique utilisé en remploi dans un quai du port, est le seul vestige connu de l’un des temples grecs de Massalia, dont l’emplacement exact reste inconnu
« Les Delphiens ont renouvelé aux Marseillais le droit de promantie »
Cette inscription témoigne d’un privilège important accordé aux Marseillais à Delphes. La promantie était le droit de consulter l’oracle en priorité, un honneur particulier qui souligne les liens étroits entre Marseille et le sanctuaire d’Apollon.
Ce renouvellement de privilège s’inscrit dans une longue tradition de relations entre Marseille et Delphes, illustrée notamment par la présence du Trésor des Marseillais dans le sanctuaire, construit entre 530 et 510 av. J.-C. Les Marseillais maintenaient des liens religieux importants avec le sanctuaire panhellénique, qui était considéré comme le centre du monde grec.



Le chapiteau ionique archaïque
En 1952, un important chapiteau ionique a été découvert lors du creusement d’une tranchée près de la butte Saint-Laurent à Marseille. Cette pièce monumentale, mesurant 1,80 m de long sur 1,12 m de large et pesant plus d’une tonne, est taillée dans du calcaire blanc des carrières de Saint-Victor.
Caractéristiques et Datation
Le chapiteau, orné de volutes latérales, est daté de 540-530 avant notre ère. Il comportait des cabochons de marbre au centre des volutes et était probablement stuqué et peint de couleurs vives.
Signification Historique
Cette découverte est le seul vestige connu d’un important temple grec dont l’emplacement exact reste inconnu. D’après ses dimensions, il appartenait probablement à un temple périptère de 20-25 m de large sur 45-50 m de long, avec des colonnes de 8 m de hauteur. Il pourrait s’agir d’un temple dédié à Apollon, Athéna ou Artémis d’Éphèse, principales divinités de Marseille grecque.


Athéna
De gauche à droite
1)L’Athéna Farnèse est une copie romaine d’un original grec du cercle de Phidias, env. 430 après J.-C., conservée au Musée Archéologique de Naples.
2) Le Musée d’Antalya abrite une statue d’Athéna provenant de Pergé, qui est une copie romaine d’un modèle du IIIe siècle avant J.-C
3)L’Athéna Varvakeion, exposée au Musée National Archéologique d’Athènes, est considérée comme la copie la plus fidèle de l’Athéna Parthénos originale. Cette dernière était la célèbre statue chryséléphantine (or et ivoire) créée par Phidias pour le Parthénon entre 447 et 438 avant J.-C
4)Le buste d’Athéna, du type « Pallas de Velletri » (dont les yeux incrustés ont disparu), est une copie du IIe siècle après J.-C. d’après une statue votive de Crésilas à Athènes (vers 430-420 avant J.-C.).
5)L’Athéna Giustiniani est une copie romaine en marbre d’une sculpture grecque de Pallas Athéna, datant de la fin du Ve – début du IVe siècle avant J.-C2. Cette statue monumentale de 2,25 mètres de hauteur est conservée aux Musées du Vatican.
« arrivé au temple d’Athéna, il aperçut sous le portique la statue de cette divinité qu’il avait vue en songe »
Marseille florissait par la renommée de ses exploits, par la grandeur de ses richesses, par la gloire toujours croissante de ses forces, lorsque les peuples voisins se liguèrent tout à coup pour la détruire, comme pour étendre un incendie qui les menaçait tous. D’un accord unanime, ils prennent pour chef Catumandus, un des petits rois de ce pays, qui assiégeait la ville avec une nombreuse armée de soldats d’élite, lorsque, dans son sommeil, une femme d’une figure menaçante, qui disait être une déesse, l’épouvanta, et lui fit faire la paix avec les Marseillais : il demanda à entrer dans leurs mers pour y adorer leurs dieux ; arrivé au temple d’Athéna, il aperçut sous le portique la statue de cette divinité qu’il avait vue en songe, et s’écria que c’était là cette déesse qui l’avait épouvanté dans la nuit, celle qui lui avait ordonné de lever le siège. Il félicita les Marseillais de la faveur que leur accordaient les dieux, offrit un collier d’or à Athéna, et jura aux habitants une éternelle amitié. Cette paix étant conclue et la sécurité rétablie, les députés de Marseille, à leur retour de Delphes où ils étaient allés faire une offrande à Apollon, apprirent que Rome était prise et brûlée par les Gaulois1. Quand les Marseillais reçurent cette nouvelle, un deuil public régna parmi eux : ils rassemblèrent l’or et l’argent, tant du trésor que des particuliers, pour compléter la somme exigée par les Gaulois et destinée à acheter la paix. En reconnaissance de ce service, Rome les exempta de tout tribut, leur assigna, dans les spectacles, une place parmi les sénateurs, et conclut avec eux une alliance où elle les traitait comme des égaux.
Justin, Histoire Universelle XLIII, V.
- – 390 av. J.C.
Latin
V. Post haec magna illis cum Liguribus, magna cum Gallis fuere bella, quae res et urbis gloriam auxit et virtutem Graecorum multiplicata victoria celebrem inter finitimos reddidit.
2
Karthaginiensium quoque exercitus, cum bellum captis piscatorum navibus ortum esset, saepe fuderunt pacemque victis dederunt,
3
cum Hispanis amicitiam iunxerunt, cum Romanis prope ab initio conditae urbis foedus summa fide custodierunt auxiliisque in omnibus bellis industrie socios iuverunt. Quae res illis et virium fiduciam auxit et pacem ab hostibus praestitit.
4
Cum igitur Massilia et fama rerum gestarum et abundantia opum et virium gloria virente floreret, repente finitimi populi ad nomen Massiliensium delendum velut ad commune extinguendum incendium concurrunt.
5
Dux consensu omnium Catumandus regulus eligitur. Qui cum magno exercitu lectissimorum virorum urbem hostium obsideret, per quietem specie torvae mulieris, quae se deam dicebat, exterritus ultro pacem cum Massiliensibus fecit,
6
petitoque ut intrare illi urbem et deos eorum adorare liceret, cum in arcem Minervae venisset, conspecto in porticibus simulacro deae, quam per quietem viderat, repente exclamat illam esse, quae se nocte exterruisset, illam, quae recedere ab obsidione iussisset.
7
Gratulatusque Massiliensibus, quod animadverteret eos ad curam deorum inmortalium pertinere, torque aureo donata dea in perpetuum amicitiam cum Massiliensibus iunxit.
8
Parta pace et securitate fundata revertentes a Delphis Massiliensium legati, quo missi munera Apollini tulerant, audiverunt urbem Romanam a Gallis captam incensamque.
9
Quam rem domi nuntiatam publico funere Massilienses prosecuti sunt aurumque et argentum publicum privatumque contulerunt ad explendum pondus Gallis, a quibus redemptam pacem cognoverant.
10
Ob quod meritum et immunitas illis decreta et locus spectaculorum in senatu datus et foedus aequo iure percussum.
11
In postremo libro Trogus: maiores suos a Vocontiis originem ducere; avum suum Trogum Pompeium Sertoriano bello civitatem a Cn. Pompeio percepisse,
12
patruum Mithridatico bello turmas equitum sub eodem Pompeio duxisse; patrem quoque sub C. Caesare militasse epistularumque et legationum, simul et anuli curam habuisse
Les Ioniens, leur nom viendrait de Ion, roi légendaire d’Athènes
Les Ioniens ont une origine complexe selon Hérodote et d’autres historiens antiques. Originaires du Péloponnèse, ils furent chassés par les Achéens et trouvèrent d’abord refuge à Athènes. Leur nom viendrait de Ion, roi légendaire d’Athènes, qui organisa la société en quatre tribus. Bien qu’ayant des liens étroits avec Athènes, ils maintenaient une identité distincte en tant qu’Ioniens, même si Hérodote considérait cette revendication comme peu fondée. Ils finirent par migrer vers l’Anatolie, s’établissant le long de la côte. Ils fondèrent douze cités dont Phocée qui fonda plus tard Marseille. Les onze autres cités étaient, Clazomènes, Colophon, Téos, Lébédos, Ephèse, Chios, Erythrée, Samos, Priène, Myonte, Milet.
« En effet, les pays qui environnent l’Ionie, soit au-dessus, soit au-dessous, à l’est ou à l’ouest, ne peuvent entrer en comparaison avec elle, les uns étant exposés aux pluies et au froid, les autres aux chaleurs et à la sécheresse. Ces Ioniens n’ont pas le même dialecte ; leurs mots ont quatre sortes de terminaisons. Milet est la première de leurs villes du côté du midi, et ensuite Myonte et Priène : elles sont en Carie, et leur langage est le même. Éphèse, Colophon, Lébédos, Téos, Clazomènes, Phocée, sont en Lydie. Elles parlent entre elles une même langue, mais qui ne s’accorde en aucune manière avec celle des villes que je viens de nommer. Il y a encore trois autres villes ioniennes, dont deux sont dans les îles de Samos et de Chios »
Hérodote, Livre I , 142.
Références
Marta Santos Retolaza, Jean-Christophe Sourisseau. Cultes et pratiques rituelles dans les communautés grecques de Gaule méditerranéenne et de Catalogne. Lionel Pernet; Réjane Roure. Des rites et des Hommes. Les pratiques symboliques des Celtes, des Ibères et des Grecs en Provence, en Languedoc et en Catalogne, Errance, pp.223-255, 2011. ffhal-02050183f