UNE HISTOIRE MARSEILLAISE IL Y A 2000 ANS
24 ….Ma quatrième histoire concerne Zénothémis, de Marseille, fils de Charmolaùs. En Italie, où j’étais )envoyé pour les affaires de mon pays! on me montra un homme beau, grand et riche, à. ce qu’il semblait. A côté de lui, était assise, sur son char de voyage, une femme absolument laide la moitié droite de son corps,était desséchée, l’un des yeux était enlevé, c’était un monstre repoussant. Puis, comme je m’étonnais qu’un homme beau, bien fait, pût supporter une telle femme à ses côtés, celui qui m’avait montré cet homme me raconta la nécessité où il avait été de contracter ce ,mariage,, car il connaissait l’affaire. dans tous ses détails, étant, lui aussi, de Marseille. Ménécrate, le père de ce monstre, avait pour ami Zénothémis; Ménécrate était riche et d’un rang égal à celui de Zénothémis. Dans la suite, Ménécrate fut privé de son bien par l’effet d’une condamnation du conseil des Six-Cents qui le frappa d’atimie pour avoir fait une proposition contraire à la loi. C’est ainsi, dit-il, que nous, Marseillais, nous punissons les auteurs de propositions illégales. Ménécrate s’affligeait donc de sa condamnation et du sort qui, en peu de temps, de riche le faisait pauvre et le privait de la considération dont il avait joui mais, ce qui l’affligeait le plus, c’était là situation de sa fille, déjà nubile, âgée de dix-huit ans personne, fût-ce un roturier, un pauvre, n’en aurait voulu aisément, même avec tout le bien que son père avait acquis avant sa condamnation, tant elle était laide. On ajoutait qu’elle tombait du haut mal à l’époque du premier quartier de la lune.
25. Comme il se plaignait devant Zénothémis de son malheur, a Aie confiance, Ménécrate, dit ce dernier, « tu ne manqueras pas du nécessaire et ta fille trouvera un époux digne de ta race. En disant cela, il le prend. par la main et le conduit dans sa maison, lui donne une forte somme d’argent, part de son immense fortune, fait préparer un festin auquel il invite ses amis et Ménécrate, comme s’il avait persuadé à quelqu’un de ses amis d’accepter le mariage avec la fille de Ménécrate. Après le repas, après les libations offertes aux dieux, à ce moment, Zénothémis tendant une coupe pleine à Ménécrate « Reçois, dit-il, ô Ménécrate, de ton gendre, la coupe de l’amitié, car j’épouse aujourd’hui ta fille Cydimaque; j’ai depuis longtemps reçu sa dot qui est de vingt-cinq talents. » Fi donc! » dit celui-ci, « je ne serais pas assez insensé pour te laisser épouser, toi, Zénothémis, qui es jeune et beau, une fille laide et si mal avantagée ». Pendant qu’il parlait, Zénothémis prend la jeune fille, l’emmène avec lui dans la chambre nuptiale et revient peu de temps après, le mariage étant consommé. Depuis ce temps, il vit avec elle, l’aime à la passion, et, comme tu le vois, il l’emmène partout avec lui.
26. Loin de rougir de son mariage, il semble s’en vanter, montrant par là qu’il méprise la beauté et la laideur corporelles, la richesse et la gloire, qu’il n’a de souci que pour son ami, pour Ménécrate le vote des Six-Cents n’a pas affaibli les sentiments d’amitié qu’il lui porte. Au reste, la fortune l’a déjà récompensé de sa conduite il a eu un enfant ravissant de cette femme si laide. Un matin, son père le prit dans ses bras et le porta au sénat, ceint d’un rameau d’olivier et habillé de noir, afin d’inspirer plus de pitié pour son aïeul l’enfant sourit aux sénateurs et battit des mains. Le sénat, à la vue de ce spectacle, se sentit ému, fit remise de sa condamnation à Ménécrate qui rentra en possession de ses honneurs, grâce à l’éloquence de son jeune avocat devant le tribunal. Voilà le récit que me fit le Marseillais de la générosité de Zénothémis envers son ami. Tu le vois, c’est un beau trait.
LUCIEN DE SAMOSATE
Lucien de Samosate (en grec ancien : Λουκιανὸς ὁ Σαμοσατεύς) est un écrivain, rhéteur et satiriste grec né vers 120 à Samosate, en Commagène (actuelle Turquie), et mort après 180, probablement en Égypte. Issu d’une famille modeste, il commence sa carrière comme apprenti sculpteur avant de se tourner vers la rhétorique.
Carrière
Lucien devient avocat à Antioche, mais insatisfait de cette profession, il entame une carrière de sophiste itinérant. Il voyage à travers l’Empire romain (Asie Mineure, Italie, Gaule) et se fait connaître pour ses conférences et ses talents oratoires. Vers 150, il s’installe à Athènes, où il abandonne la sophistique pour se consacrer à l’écriture de dialogues satiriques.
Œuvres
Lucien est célèbre pour ses dialogues humoristiques et critiques. Il raille les dieux, les philosophes, les superstitions et les travers humains. Parmi ses œuvres majeures figurent :
- Dialogues des morts
- Verae Historiae (Histoires vraies), considéré comme une des premières œuvres de science-fiction
- Le Songe (récit autobiographique)
- Sur les sacrifices (critique des pratiques religieuses)
Style
Lucien écrit en grec attique pur, imitant les auteurs classiques tout en adoptant un ton satirique et ironique. Son œuvre reflète un esprit critique et un rejet des dogmes philosophiques;.
Dernières années
Dans sa vieillesse, Lucien occupe des fonctions administratives en Égypte sous Marc Aurèle. Il meurt probablement à Alexandrie vers la fin du règne de Commode. .Lucien reste une figure majeure de la littérature grecque pour son esprit mordant et son influence sur la satire occidentale.