Le Sénat Romain dans la série Rome (HBO) à comparer avec la véritable Curie JULIA restituée en 3D plus bas.
Contexte historique

Lampsaque est une cité grecque d’Asie Mineure, fondée par les Phocéens vers 654 av. J.-C. sur la rive sud de l’Hellespont, dans la région de la Troade (aujourd’hui Lapseki en Turquie) comme Massalia, d’où les liens de parentés évoqués dans le décret qui suit. Grâce à sa position stratégique de port, la ville connaît une grande prospérité commerciale.
Les villes de la côte ionienne, Phocée, Milet, Ephèse etc. ont été fondées par Athènes.
Le décret de Lampsaque en l’honneur d’Hégésias est un document officiel voté par le peuple de Lampsaque probablement vers 196 av. J.-C. Il célèbre Hégésias et ses collègues, qui furent envoyés dans un premier temps comme ambassadeurs à Massalia (Marseille) pour obtenir son soutien auprès des Romains, se rendant à Rome par la suite accompagné d’ambassadeurs massaliotes dans un contexte politique tendu : le roi séleucide Antiochos III tentait alors de rétablir sa domination sur les cités grecques d’Asie Mineure, dont Lampsaque.
Face à la menace d’Antiochos III, Lampsaque, tout comme Smyrne et Alexandreia Troas, refusa de se soumettre et chercha le soutien de puissances extérieures. Hégésias et ses compagnons furent donc chargés de défendre les intérêts de leur cité auprès des Romains et des Marseillais, contribuant ainsi à l’une des premières interventions diplomatiques de Rome en Asie.
Les Protagonistes
Antiochos III

Antiochos III, surnommé « le Grand » fut le plus important souverain de la dynastie séleucide
Antiochos III, surnommé « le Grand », fut le plus important souverain de la dynastie séleucide, régnant de 223 à 187 av. J.-C. sur un vaste empire couvrant la Syrie et une grande partie de l’Asie occidentale. Monté sur le trône à dix-huit ans, il entreprend de restaurer la puissance séleucide, d’abord en réprimant les révoltes internes puis en menant de longues campagnes pour reconquérir l’Arménie, l’Iran, la Bactriane et la Parthie.
Ambitieux, Antiochos III cherche aussi à s’imposer en Asie Mineure et en Grèce, profitant du recul de la Macédoine et de l’essor de Rome après la Deuxième Guerre punique. Il se présente comme le « champion de la liberté grecque » face à la domination romaine et intervient en Grèce à l’appel de la Ligue étolienne. Mais son offensive se solde par un échec : après avoir débarqué en Grèce, il est repoussé par les Romains et doit se retirer en Asie Mineure
Titus Quinctius Flamininus

Titus Quinctius Flamininus joua un rôle décisif dans l’expansion de l’influence romaine en Grèce
Titus Quinctius Flamininus joua un rôle décisif dans l’expansion de l’influence romaine en Grèce et dans la chute de la domination macédonienne sur le monde grec. Le commandant de la flotte Lucius, dont il est fait mention dans le décret plus bas, est son frère, Lucius Quinctius Flamininus
Élu consul en 198 av. J.-C., Flamininus reçoit le commandement de la guerre contre Philippe V de Macédoine. Grâce à sa connaissance approfondie de la culture grecque et à ses talents de diplomate, il rallie à Rome de nombreuses cités grecques hostiles à la tutelle macédonienne. Après l’échec des négociations, il remporte une victoire décisive lors de la bataille de Cynoscéphales en 197 av. J.-C., qui consacre la supériorité des légions romaines sur la phalange macédonienne.
L’année suivante, lors des Jeux Isthmiques de 196 av. J.-C., Flamininus proclame solennellement la « liberté des Grecs » : il annonce que les cités grecques seront désormais libres, sans garnison ni tribut, et pourront vivre selon leurs lois ancestrales. Ce geste spectaculaire fait de lui un héros aux yeux des Grecs, qui le célèbrent comme un libérateur, certains allant jusqu’à le diviniser. Toutefois, cette « liberté » s’accompagne d’une réorganisation politique qui place de fait la Grèce sous l’influence de Rome, amorçant une nouvelle ère de clientélisme et d’ingérence romaine dans les affaires grecques.
Flamininus reste plusieurs années en Grèce, où il arbitre les conflits locaux et intervient contre d’autres puissances, comme le roi séleucide Antiochos III, consolidant ainsi la position de Rome en Méditerranée orientale. Il incarne, dans la mémoire collective, le modèle du général philhellène, admirateur de la culture grecque mais avant tout stratège au service des intérêts romains.
Son action marque un tournant : la fin de l’indépendance réelle des cités grecques et le début de la domination romaine sur le monde hellénistique.
Philippe V de Macédoine

Philippe V de Macédoin monté sur le trône à 17 ans, il s’impose rapidement comme un souverain énergique et ambitieux, cherchant à restaurer la puissance macédonienne
Philippe V de Macédoine (238–179 av. J.-C.) fut roi de Macédoine de 221 à 179 av. J.-C., appartenant à la dynastie des Antigonides. Monté sur le trône à 17 ans, il s’impose rapidement comme un souverain énergique et ambitieux, cherchant à restaurer la puissance macédonienne dans un contexte de rivalités grecques et de montée en puissance de Rome.
Excellent général, Philippe V remporte d’abord des succès contre la Ligue étolienne lors de la guerre des Alliés, puis s’allie à Hannibal pendant la deuxième guerre punique, espérant profiter de l’affaiblissement romain pour étendre son influence en Illyrie et en Grèce. Cependant, ses ambitions l’opposent directement à Rome : il affronte les Romains lors des deux guerres de Macédoine. Battu à la bataille décisive de Cynoscéphales en 197 av. J.-C., il doit renoncer à ses possessions grecques et voit l’influence macédonienne décliner.
Malgré ses efforts de réforme et de redressement du royaume, Philippe V ne parvient pas à enrayer la domination croissante de Rome sur le monde grec. Il laisse le trône à son fils Persée, qui sera le dernier roi de Macédoine avant la conquête romaine.
La deuxième guerre macédonienne
Origines du Conflit
En 201 av. J.-C., Pergame et Rhodes alertent le Sénat romain d’un pacte de non-agression entre Philippe V de Macédoine et Antiochos III du royaume séleucide. Malgré les avertissements diplomatiques romains, Philippe V poursuit son expansion en envahissant l’Attique et la Thrace.
Déroulement de la Guerre
Phase initiale (200-198 av. J.-C.)
Rome déclare la guerre en 200 av. J.-C., bénéficiant du soutien de la majorité du monde grec. La Macédoine se trouve isolée diplomatiquement, Rome ayant obtenu la neutralité d’Antiochos III et de la Ligue achéenne.
Campagne décisive (198-197 av. J.-C.)
Le tournant survient avec l’arrivée du consul Titus Quinctius Flamininus qui durcit la position romaine, son frère est Lucius le général romain commandant de la flotte mentionné dans le décret. En 198 av. J.-C., les Romains remportent la bataille de l’Aoos, forçant Philippe V à se replier en Thessalie.
Bataille de Cynoscéphales
En juin 197 av. J.-C., l’affrontement décisif a lieu à Cynoscéphales. Philippe V, avec une armée de 18.000 hommes, affronte les légions romaines expérimentées. La bataille tourne à l’avantage des Romains grâce à leur flexibilité tactique et une manœuvre décisive d’un tribun romain qui attaque le flanc macédonien avec 20 manipules.
Voir la Bataille de CynoscéphalesConséquences
La défaite contraint Philippe V à accepter des conditions de paix sévères, Interdiction de conclure des alliances sans l’approbation romaine, abandon de toutes ses possessions en Grèce, réduction drastique de sa flotte, paiement d’une indemnité de 1.000 talents.
Le Décret de Lampsaque en l’honneur d’Hégèsias
Le Décret de Lampsaque en l’honneur d’Hégèsias
« Dans les décrets ci-dessus inscrits, dans sa quête, le peuple dont toute l’ambition était d’en appeler à ceux qui se proposeraient d’eux -mêmes, décréta, afin d’obtenir pour ceux envoyés par la cité chez les Massaliotes et les Romains, quelque honneur de la part du peuple, que lorsque les ambassadeurs seraient rentrés, le conseil (boulé) délibérerait de ce que serait la distinction.
Et ceux désignés ne s’étant pas maintenus, et quelques uns même, après avoir été élus, ayant renoncé, invoquant l’importance du transport et des dépenses, fut alors désigné Hégèsias, lui à l’inverse ne renonçant pas, fut acclamé et estimé par le peuple, ne se préoccupant en rien des dangers concernant le voyage et mettant moins en avant, ce qui le concernait que ce qui rassemblait la cité, il accepta l’ambassade.
Après avoir quitté la cité, arrivés en Grèce avec ses collègues, et ayant rencontré Lucius le général romain commandant de la flotte, il lui expliqua longuement qu’étant parent et ami du peuple romain, le peuple de Lampsaque les avait envoyé vers lui afin que lui-même et ses collègues lui demandent et lui réclament, pour autant que nous soyons parents des Romains, de se préoccuper de notre cité afin qu’advienne ce qui semblerait être utile pour le peuple. Car ils leur incombaient de toujours soutenir ce qui est bon pour la cité, en raison de cette parenté existante entre nous et qu’eux-mêmes acceptaient, et du fait que les Massaliotes, qui sont les amis et les alliés du peuple romain, soient nos frères.
On pris soin de prendre les réponses appropriées pour notre peuple avant de les envoyer, et se basant sur elles le peuple reprit alors confiance, car dans celles-ci il acceptait explicitement la parenté établie entre nous et les Romains et assumait le fait que, s’il avait à faire un traité d’amitié ou une déclaration sous serment avec quiconque, il inclurait notre cité dans l’accord et qu’il maintiendrait la démocratie, l’indépendance et la paix. Et qu’il ferait le nécessaire si quiconque essayait de nous causer du tort, qu’il ne le permettrait pas mais l’empêcherait.
Et Hégesias accompagné de ses collègues de l’ambassade, s’étant entretenu avec le trésorier en charge de la flotte, l’ayant convaincu de toujours se porter garant des biens qui étaient pris, de lui aussi notre peuple reçu une lettre, qu’il estima être un soutien et qu’il conserva dans les archives publiques.
Transportant alors… …sur ce que comportaient les décrets, ayant navigué vers Marseille, après la longue et dangereuse traversée, se présentant devant les six cents, il s’arrangea avec eux et fit en sorte qu’il se trouve des ambassadeurs Massaliotes avec lui, afin que la cité soit représentée au sein de l’ambassade à destination de Rome. Jugeant la chose utile, ils demandèrent et obtinrent une lettre de recommandation des six cents pour notre peuple auprès du peuple des gaulois Tolostoagiens.
Ayant voyagé jusqu’à Rome avec ses collègues et ceux qui lui avait été adjoints par Marseille, lors des négociations au Sénat, les Massaliotes firent preuve de la bienveillance et des dispositions qu’ils ne cessent d’avoir à l’égard des Romains. Ils en appelèrent à l’amitié existante entre eux, depuis le début et plaidèrent notre cause : le fait d’être pour eux un peuple frère, il convenait donc d’avoir cette bienveillance suivant la parenté. Et lui-même Hégesias leur exposa cela et ce qui avait décidé le peuple à cours de ressources à envoyer cette ambassade. Il les appelait ainsi que les autres ambassadeurs à se préoccuper de la sécurité des autres alliés et apparentés aussi bien qu’à celle de notre cité.
En raison de la parenté et de l’humanité qui pour nous en découle à leur égard et du soutien que nous avions reçu, grâce aux honorables Marseillais s’efforçant d’obtenir une message dans l’intérêt du peuple, quand les ambassadeurs insistèrent pour que nous soyons inclus dans l’accord que les Romains firent avec le roi Philippe V, le sénat alors nous inclus dedans, comme ils l’écrivent eux-mêmes. Concernant tout le reste, il les adressa au Consul romain Titus et aux dix membres de la commission, ceux en charge des affaires de la Grèce afin qu’ils préservent l’indépendance et la démocratie de notre cité.
parvenant à Corinthe avec … et Apollodoros, Hégesias rencontra le général Romain et les dix membres de la commission avec qui, il dialogua en notre nom et il mit un point d’honneur à ce qu’ils fassent preuve de clairvoyance à notre égard, toute chose pour les quelles il reçu un décret et des lettres pour les rois, qu’il estima être à notre avantage et qu’il envoya… Le peuple comme il avait été décrété. »
Traduction: Massalia.net
Grec
La Curie Romaine où siégeaient les sénateurs Romains
La Curie Julia, commandée par Jules César dans les dernières années de sa vie et achevée par Auguste en 29 av. J.-C., s’élève dans le coin nord-ouest du Forum Romain. Ce nouveau bâtiment, lieu de réunion du Sénat, a remplacé l’ancienne curie construite par le roi Tullus Hostilius, sur les pentes du Capitole surplombant le Comitium.
Corinthe
Lors des Jeux isthmiques en 196 av. J.-C ( l’une des quatre grandes compétitions panhelléniques de la Grèce antique, qui comprenaient aussi les jeux olympiques, pythiques et néméens.) le consul romain Titus Quinctius Flamininus proclama solennellement la liberté de tous les Grecs. Cette proclamation intervient après la victoire décisive des Romains sur Philippe V de Macédoine à la bataille de Cynoscéphales en 197 av. J.-C. La défaite macédonienne marque un tournant dans l’histoire de la Grèce, avec l’émergence de Rome comme nouvelle puissance dominante. À cette époque, Corinthe était devenue le siège de la ligue achéenne. La cité occupait une position stratégique cruciale, contrôlant l’isthme avec ses deux ports de Lekhaion et Kenkhrées et le diolkos qui permettait la traversé terrestre entre les deux ports. Cette proclamation de liberté s’avéra toutefois être à double tranchant, car elle marquait en réalité le début d’une influence romaine grandissante sur les affaires grecques.
Malgré cette apparente libération, les Grecs se retrouvèrent divisés entre cités libres et cités occupées militairement par Rome. Corinthe elle-même fut intégrée de force à la ligue achéenne en 196 av. J.-C., situation qui perdura jusqu’à sa destruction par les Romains en 146 av. J.-C.