Joanny Rave (Né le 25 février 1827 à Lyon. Mort le 24 juillet 1882 à Marseille.Elève de Bonnefond et de Drolling. Débuta au Salon de 1859. Il fut professeur à l’Ecole des Beaux Arts de Marseille.) – Les Noces de Giptis et de Protis – 1874 – (Peiture à l’huile sur toile, H80 cm x L150 cm) Musée des Beaux arts, Palais Longchamp, Marseille.
SELON ARISTOTE
Biographie: Aristote, philosophe grec, né à Stagire (Grèce) en 384 av. J.-C. et mort à Chalcis (sur l’ile d’Eubée, Grèce) en 322 av. J.-C. Il est considéré, avec Platon, comme l’un des penseurs les plus influents de la philosophie occidentale.

«Les Phocéens, qui pratiquaient le commerce en Ionie fondèrent Massalia. Euxène, le Phocéen, était l’hôte du roi Nanos (tel était son nom). Ce Nanos célébra les noces de sa fille alors que par hasard Euxène était présent. Il l’invita au banquet. Le mariage se faisait de cette manière : il fallait qu’après le repas l’enfant entre et donne une coupe de boisson tempérée à qui elle voulait des prétendants présents. Et celui à qui elle aurait donné la coupe, celui-là devait être son époux.
L’enfant entre donc et, soit par hasard soit pour une autre raison, donne [la coupe] à Euxène. Le nom de l’enfant était Petta. À la suite de cet événement, comme le père acceptait qu’il eût la jeune fille en pensant que le don avait été fait avec l’accord de la divinité, Euxène la reçut pour femme et cohabita, changeant son nom (à elle) en Aristoxène. Et il y a à Massalia une famille issue de cette femme, encore maintenant, appelée Prôtiades. Car Prôtis fut le fils d’Euxène et d’Aristoxène.»
Grec
« τὸ ὅμοιον ἱστορεῖ γενέσθαι καὶ Ἀριστοτέλης ἐν τῇ Μασσαλιωτῶν Πολιτείᾳ γράφων οὕτως· Φωκαεῖς οἱ ἐν Ἰωνίᾳ ἐμπορίᾳ χρώμενοι ἔκτισαν Μασσαλίαν. Εὔξενος δὲ ὁ Φωκαεὺς Νάνῳ τῷ βασιλεῖ (τοῦτο δ᾿ ἦν αὐτῷ ὄνομα) ἦν ξένος. οὗτος ὁ Νάνος ἐπιτελῶν γάμους τῆς θυγατρὸς κατὰ τύχην παραγενόμενον τὸν Εὔξενον παρακέκληκεν ἐπὶ τὴν θοίνην. ὁ δὲ γάμος ἐγίγνετο τόνδε <τὸν> τρόπον· ἔδει μετὰ τὸ δεῖπνον εἰσελθοῦσαν τὴν παῖδα φιάλην κεκερασμένην ᾧ βούλοιτο δοῦναι τῶν παρόντων μνηστήρων· ᾧ δὲ δοίη, τοῦτον εἶναι νυμφίον. ἡ δὲ παῖς εἰσελθοῦσα δίδωσιν εἴτε ἀπὸ τύχης εἴτε καὶ δι᾿ ἄλλην τινὰ αἰτίαν τῷ Εὐξένῳ· ὄνομα δ᾿ ἦν τῇ παιδὶ Πέττα. τούτου δὲ
συμπεσόντος καὶ τοῦ πατρὸς ἀξιοῦντος ὡς κατὰ θεὸν γενομένης τῆς δόσεως ἔχειν αὐτήν, ἔλαβεν ὁ Εὔξενος γυναῖκα καὶ συνῴκει μεταθέμενος τοὔνομα Ἀριστοξένην. καὶ ἔστι γένος ἐν Μασσαλίᾳ ἀπὸ τῆς ἀνθρώπου μέχρι νῦν Πρωτιάδαι καλούμενον· Πρῶτις γὰρ ἐγένετο υἱὸς Εὐξένου καὶ τῆς Ἀριστοξένης. »
SELON TROGUE POMPEE
Biographie: Trogue Pompée (en latin Pompeius Trogus) historien gallo-romain du Ier siècle av. J.-C., né à Vaison-la-Romaine (France), qui vécut à la la fin de la République et à l’avènement de l’Empire. Il fut le contemporain de Tite-Live et d’Auguste. Les Gaulois, dont il était issu, avaient récemment acquis la citoyenneté romaine. Trogue Pompée est surtout connu pour son Histoire universelle (Historiæ Philippicæ), une vaste compilation en 44 livres qui retrace l’histoire du monde, depuis la chute de Troie jusqu’à l’époque contemporaine de l’auteur. Malheureusement, cette œuvre est en grande partie perdue. Il n’en subsiste que quelques fragments et un abrégé réalisé par Justin au IIIe siècle apr. J.-C.
«III. Sous le règne de Tarquin, de jeunes Phocéens venus de l’Asie abordèrent à l’embouchure du Tibre, et firent alliance avec les Romains ; puis dirigeant leurs vaisseaux vers l’extrémité de la mer des Gaules, ils allèrent fonder Massalia, entre la Ligurie et la terre sauvage des Gaulois : ils se distinguèrent, soit en se défendant contre les peuples barbares, soit en les attaquant à leur tour. Bornés à un sol étroit et aride, les Phocéens étaient plus marins qu’agriculteurs ; ils se livraient à la pêche, au commerce, souvent même à la piraterie qui alors était en honneur. Ayant ainsi pénétré jusqu’aux dernières bornes de ces mers, ils arrivèrent à ce golfe où se trouve l’embouchure du Rhône : séduits par la beauté de ces lieux, le tableau qu’ils en firent à leur retour y appela une troupe plus nombreuse. Les chefs de la flotte furent Simos et Prôtis. Ils allèrent trouver le roi des Ségobriges, nommé Nannus, sur le territoire duquel ils désiraient fonder une ville, et lui demandèrent son amitié. Justement ce jour-là le roi était occupé à préparer les noces de sa fille Gyptis, que, selon la coutume de la nation, il se disposait à donner en mariage au gendre choisi pendant le festin. Tous les prétendants avaient été invités au banquet ; le roi y convia aussi ses hôtes grecs. On introduisit la jeune fille et son père lui dit d’offrir l’eau à celui qu’elle choisissait pour mari. Alors, laissant de côté tous les autres, elle se tourne vers les Grecs et présente l’eau à Prôtis, qui, d’hôte devenu gendre, reçut de son beau-père un emplacement pour y fonder une ville. Marseille fut ainsi fondée près de l’embouchure du Rhône, au fond d’un golfe, et comme dans un coin de la mer. Jaloux des progrès de sa puissance, les Liguriens lui firent une guerre sans relâche ; mais les Grecs repoussèrent ces attaques avec tant de succès, que, vainqueurs de leurs ennemis, ils fondèrent de nombreuses colonies sur le territoire qu’ils leur enlevèrent.
IV. Ces Phocéens adoucirent la barbarie des Gaulois, et leur enseignèrent une vie plus douce : ils leur apprirent à cultiver la terre, et à entourer les cités de remparts ; à vivre sous l’empire des lois plutôt que sous celui des armes, à tailler la vigne et à planter l’olivier : et tels furent alors les progrès des hommes et des choses, qu’il semblait, non que la Grèce eût passé, dans la Gaule, mais que la Gaule elle-même se fût transportée dans la Grèce. Après la mort du roi Nannus, qui avait donné aux Phocéens le sol de leur ville, un Ligurien annonce à Comanus, son fils et son successeur, que Marseille doit un jour renverser ses voisins, et qu’il faut l’écraser à sa naissance, de peur que, bientôt plus forte, elle ne le détruise lui-même . Il ajoute encore cette fable, qu’une chienne pleine supplia un berger de lui prêter une place où elle pût mettre bas ; que, l’ayant obtenue, elle lui demanda plus tard de l’y laisser nourrir ses petits ; qu’enfin ceux-ci ayant pris des forces, elle s’arrogea, avec leur appui, la propriété de ce lieu ; que de même ces Marseillais se rendraient maîtres un jour de cette terre, qu’ils n’occupaient encore qu’à titre de colons. Excité par ces conseils, le roi tend un piège aux Marseillais. Le jour de la fête des Florales, il envoie dans la ville un grand nombre d’hommes braves et résolus, qui viennent y réclamer l’hospitalité ; d’autres y sont transportés dans des chariots couverts de joncs et de feuillage. Le roi lui-même se poste avec son armée dans des montagnes voisines, afin de se trouver devant la ville à l’heure même où ses émissaires lui ouvriraient les portes, et de fondre à main armée sur les citoyens plongés dans le vin et le sommeil. Mais une femme, parente du roi, trahit le secret de cette conspiration. Touchée de la beauté d’un jeune Grec, son amant, elle lui révéla le péril, en le pressant de s’y soustraire. Celui-ci court aussitôt avertir les magistrats : le piège ainsi découvert, on arrête les Liguriens épars dans la ville ; on va saisir les autres sous les joncs qui les cachent. Tous sont égorgés, et au piège du roi on oppose d’autres embûches. Il périt avec sept mille des siens. Les Marseillais ont depuis gardé l’usage, même aux jours de fêtes, de fermer leurs portes, de veiller, de couvrir leurs remparts de sentinelles, de reconnaître les étrangers, et de se garder au sein de la paix avec le même soin qu’en temps de guerre. C’est ainsi que les sages institutions se perpétuent chez eux, moins par la nécessité que par l’habitude de bien faire.
V. Ils eurent ensuite de grandes guerres avec les Liguriens et les Gaulois, leurs nombreux succès rehaussèrent leur gloire, et rendirent le nom des Grecs fameux parmi leurs voisins. La prise de quelques barques de pêcheurs fit éclater une guerre entre eux et Carthage, dont ils battirent souvent les flottes, et à qui ils donnèrent la paix après leur victoire. Ils lièrent amitié avec les Espagnols, observèrent fidèlement le traité conclu par eux avec Rome naissante, et, dans toutes les guerres de leurs alliés, s’empressèrent de leur fournir des secours. Ainsi s’augmenta pour eux la confiance de leurs forces ; ainsi leurs ennemis n’osèrent troubler leur repos. Marseille florissait par la renommée de ses exploits, par la grandeur de ses richesses, par la gloire toujours croissante de ses forces, lorsque les peuples voisins se liguèrent tout à coup pour la détruire, comme pour étendre un incendie qui les menaçait tous. D’un accord unanime, ils prennent pour chef Catumandus, un des petits rois de ce pays, qui assiégeait la ville avec une nombreuse armée de soldats d’élite, lorsque, dans son sommeil, une femme d’une figure menaçante, qui disait être une déesse, l’épouvanta, et lui fit faire la paix avec les Marseillais : il demanda à entrer dans leurs mers pour y adorer leurs dieux ; arrivé au temple de Minerve, il aperçut sous le portique la statue de cette divinité qu’il avait vue en songe, et s’écria que c’était là cette déesse qui l’avait épouvanté dans la nuit, celle qui lui avait ordonné de lever le siège. Il félicita les Marseillais de la faveur que leur accordaient les dieux, offrit un collier d’or à Minerve, et jura aux habitants une éternelle amitié. Cette paix étant conclue et la sécurité rétablie, les députés de Marseille, à leur retour de Delphes où ils étaient allés faire une offrande à Apollon, apprirent que Rome était prise et brûlée par les Gaulois. Quand les Marseillais reçurent cette nouvelle, un deuil public régna parmi eux : ils rassemblèrent l’or et l’argent, tant du trésor que des particuliers, pour compléter la somme exigée par les Gaulois et destinée à acheter la paix. En reconnaissance de ce service, Rome les exempta de tout tribut, leur assigna, dans les spectacles, une place parmi les sénateurs, et conclut avec eux une alliance où elle les traitait comme des égaux.
Trogue Pompée, à la fin de ce livre, raconte que ses ancêtres sont issus des Voconces ; que son aïeul Trogue Pompée, dans la guerre contre Sertorius, reçut de Pompée le droit de bourgeoisie ; que, dans la guerre de Mithridate, son oncle paternel commanda sous Pompée un corps de cavalerie ; que son père servit aussi sous César, qu’il remplit des ambassades, et fut le secrétaire et le garde du sceau de César.»
L’ouvrage de Trogue Pompée, ne nous est pas parvenu non plus, la citation ci-dessus est rapportée par Justin dans les Epitoma Historiarum Philippicarum (Abrégé des histoires philippiques – La Fondation de Marseille, XLIII, 3).
Latin
« Temporibus Tarquinii regis ex Asia Phocaeensium iuventus ostio Tiberis invecta amicitiam cum Romanis iunxit ; inde in ultimos Galliae sinus navibus profecta Massiliam inter Ligures et feras gentes Gallorum condidit, magnasque res, sive dum armis se adversus Gallicam feritatem tuentur sive dum ultro lacessunt, a quibus fuerant antea lacessiti, gesserunt. 5 Namque Phocaeenses exiguitate ac macie terrae coacti studiosius mare quam terras exercuere: piscando mercandoque, plerumque etiam latrocinio maris, quod illis temporibus gloriae habebatur, vitam tolerabant. 6 Itaque in ultimam Oceani oram procedere ausi in sinum Gallicum ostio Rhodani amnis devenere, 7 cujus loci amoenitate capti, reversi domum referentes quae viderant, plures sollicitavere. 8 Duces classis Simos et Protis fuere. Itaque regem Segobrigiorum, Nannum nomine, in cuius finibus urbem condere gestiebant, amicitiam petentes conveniunt.9 Forte eo die rex occupatus in apparatu nuptiarum Gyptis filiae erat, quam more gentis electo inter epulas genero nuptum tradere illic parabat. 10 Itaque cum ad nuptias invitati omnes proci essent, rogantur etiam Graeci hospites ad convivium. 11 Introducta deinde virgo cum juberetur a patre aquam porrigere ei, quem virum eligeret, tunc omissis omnibus ad Graecos conversa aquam Proti porrigit, qui factus ex hospite gener locum condendae urbis a socero accepit. 12 Condita igitur Massilia est prope ostia Rhodani amnis in remoto sinu, velut in angulo maris. 13 Sed Ligures incrementis urbis invidentes Graecos adsiduis bellis fatigabant, qui pericula propulsando in tantum enituerunt, ut victis hostibus in captivis agris multas colonias constituerint. »
SELON STRABON
Biographie: (en grec ancien Στράϐων / Strábôn, en latin Strabo) géographe, historien et philosophe grec né à Amasée, dans le Pont (actuelle Amasya en Turquie), vers 63 av. J.-C. et mort après 23 ap. J.-C. Il fit des études en Asie Mineure, et voyagea à Rome, en Égypte et en Grèce. Il commença sa carrière littéraire en écrivant des Commentaires historiques, en 47 livres, aujourd’hui perdus. De son œuvre, nous lisons encore la Géographie, en 17 livres. La composition de cette œuvre monumentale commença sans doute sous le règne d’Auguste et fut mise à jour, au moins partiellement, sous Tibère. Il y aborde la géographie physique, humaine, l’histoire, les mœurs et les coutumes des différents peuples. L’œuvre est divisée en 17 livres : Les deux premiers livres sont consacrés à une introduction méthodologique et à une critique des travaux de ses prédécesseurs. Les livres III à X décrivent l’Europe. Les livres XI à XVII sont consacrés à l’Asie et à l’Afrique.
«4. La ville de Massalia, d’origine phocéenne, est située sur un terrain pierreux; son port s’étend au-dessous d’un rocher creusé en forme d’amphithéâtre, qui regarde le midi et qui se trouve, ainsi que la ville elle-même dans toutes les parties de sa vaste enceinte, défendu par de magnifiques remparts. L’ Acropole contient deux temples, l’Ephesium et le temple d’Apollon Delphinien : ce dernier rappelle le culte commun à tous les Ioniens : quant à l’autre, il est spécialement consacré à Diane d’Éphèse. On raconte à ce propos que, comme les Phocéens étaient sur le point de mettre à la voile pour quitter leur pays, un oracle fut publié, qui leur enjoignait de demander à Diane d’Éphèse le guide, sous les auspices duquel ils devaient accomplir leur voyage; ils cinglèrent alors sur Éphèse et s’enquirent des moyens d’obtenir de la déesse ce guide que leur imposait la volonté de l’oracle. Cependant, Aristarché, l’une des femmes les plus recommandables de la ville, avait vu la déesse lui apparaître en songe et avait reçu d’elle l’ordre de s’embarquer avec les Phocéens, après s’être munie d’une image ou représentation exacte de ses autels. Elle le fit, et les Phocéens, une fois leur installation achevée, bâtirent le temple, puis, pour honorer dignement celle qui leur avait servi de guide, ils lui décernèrent le titre de grande prêtresse. De leur côté, toutes les colonies de Massalia réservèrent leurs premiers honneurs à la même déesse, s’attachant, tant pour la disposition de sa statue que pour tous les autres rites de son culte, à observer exactement ce qui se pratiquait dans la métropole.
5. La constitution de Massalia, avec sa forme aristocratique, peut être citée comme le modèle des gouvernements. Un premier conseil est établi, qui compte 600 membres nommés à vie et appelés timouques. Cette assemblée est présidée par une commission supérieure de quinze membres chargée de régler les affaires courantes et présidée elle-même par trois de ses membres, qui, sous la présidence enfin de l’un d’eux, exercent le souverain pouvoir. On ne peut être timouque, si l’on n’a point d’enfants et si l’on n’appartient point à une famille ayant droit de cité depuis trois générations. Les lois sont les lois ioniennes ; elles sont toujours exposées en public. Les Massaliotes occupent un territoire dont le sol, favorable à la culture de l’olivier et de la vigne, est, en revanche, par sa nature âpre, beaucoup trop pauvre en blé; aussi les vit-on dès le principe, plus confiants dans les ressources que pouvait leur offrir la mer que dans celles de l’agriculture, chercher à utiliser de préférence les conditions heureuses où ils se trouvaient placés pour la navigation et le commerce maritime. Plus tard cependant, à force d’énergie et de bravoure, les Massaliotes réussirent à s’emparer d’une partie des campagnes qui entourent leur ville. Ajoutons qu’ils avaient employé leurs forces militaires fonder un certain nombre de places destinées à leur servir de boulevards contre les Barbares : les unes, situées sur la frontière d’Ibérie, devaient les couvrir contre les incursions des Ibères, de ce même peuple à qui ils ont communiqué avec le temps les rites de leur culte national (le culte de Diane d’Éphèse), et que nous voyons aujourd’hui sacrifier à la façon même des Grecs; les autres, telles que Rhodanusia et Agathé, devaient les défendre contre les Barbares des bords du Rhône; d’autres enfin, à savoir Tauroentium, Olbia, Antipolis et Nicaea, devaient arrêter les Salyens et les Ligyens des Alpes. Massalia possède encore des cales ou abris pour les vaisseaux et tout un arsenal; mais ses habitants n’ont plus ce grand nombre de vaisseaux qu’ils possédaient naguère, ni cette quantité d’engins et de machines pour l’armement des navires et les sièges de villes, qui leur avaient servi à repousser les agressions des Barbares et à se ménager, qui plus est, l’amitié des Romains, en les mettant à même de rendre à ceux-ci maints services, que les Romains, à leur tour, avaient reconnus en contribuant à leur agrandissement. C’est ainsi que Sextius, après avoir vaincu les Salyens et fondé, non loin de Massalia, la ville d’Aquæ-Sextiae, laquelle reçut ce nom en l’honneur de son fondateur et en commémoration de ces sources thermales si célèbres naguère, mais si dégénérées aujourd’hui, puisqu’une partie, dit-on, ne donne plus que de l’eau froide, entreprit, avec l’aide de la garnison qu’il avait mise dans cette ville, de dégager la route qui va de la frontière d’Italie à Massalia, en expulsant du littoral les Barbares, que les Massaliotes n’avaient pas encore réussi à en éloigner complètement. Par le fait, Sextius ne réussit pas beaucoup mieux dans son entreprise, car tout ce qu’il put obtenir se réduisit à ceci, que, dans les parties facilement accessibles aux vaisseaux, les Barbares se tiendraient désormais à une distance de 12 stades de la côte et à une distance de 8 stades dans les parties bordées de rochers; mais il s’empressa de livrer aux Massaliotes le peu de terrain qu’abandonnaient les Barbares. Beaucoup de trophées et de dépouilles encore exposés dans la ville rappellent maintes victoires navales, remportées jadis par les Massaliotes sur les différents ennemis dont l’ambition jalouse leur contestait le libre usage de la mer. On voit donc qu’anciennement la prospérité des Massaliotes était arrivée à son comble, et qu’entre autres biens ils possédaient pleinement l’amitié des Romains, comme le marque assez, du reste, parmi tant de preuves qu’on en pourrait donner, la présence sur l’Aventin d’une statue de Diane, disposée absolument de même que celle de Massalia. Par malheur, lorsque éclata la guerre civile entre César et Pompée, ils prirent fait et cause pour le parti qui eut le dessous, et leur prospérité en fut gravement compromise. Ils ne renoncèrent pourtant pas encore complètement à leur ancien goût pour la construction des machines de guerre et pour les armements maritimes. Mais comme, par le bienfait de la domination romaine, les Barbares qui les entourent se civilisent chaque jour davantage et renoncent à leurs habitudes guerrières pour se tourner vers la vie publique et l’agriculture, le goût dont nous parlons n’aurait plus eu, à proprement parler, d’objet; ils ont donc compris qu’ils devaient donner eux aussi un autre cours à leur activité.
En conséquence, tout ce qu’ils comptent aujourd’hui de beaux esprits se porte avec ardeur vers l’étude de la rhétorique et de la philosophie; et, non contents d’avoir fait dès longtemps de leur ville la grande école des Barbares et d’avoir su rendre leurs voisins philhellènes au point que ceux-ci ne rédigeaient plus leurs contrats autrement qu’en grec, ils ont réussi à persuader aux jeunes patriciens de Rome eux-mêmes de renoncer désormais au voyage d’Athènes pour venir au milieu d’eux perfectionner leurs études. Puis, l’exemple des Romains ayant gagné de proche en proche, les populations de la Gaule entière, obligées d’ailleurs maintenant à une vie toute pacifique, se sont vouées à leur tour à ce genre d’occupations, et notez que ce goût chez elles n’est pas seulement individuel, mais qu’il a passé en quelque sorte dans l’esprit public, puisque nous voyons particuliers et communautés à l’envi appeler et entretenir richement nos sophistes et nos médecins. [Malgré ce changement], les mœurs des Massaliotes sont restées simples et leurs habitudes modestes, rien ne l’atteste mieux que l’usage suivant: la dot la plus forte chez eux est de cent pièces d’or, à quoi l’on peut ajouter encore cinq pièces pour les habits et cinq pour les bijoux d’orfèvrerie, mais la loi ne permet pas davantage. Du reste, César et les princes, ses successeurs, en souvenir de l’ancienne alliance de Rome avec Massalia, se sont montrés indulgents pour les fautes qu’elle avait commises pendant la guerre civile, et lui ont conservé l’autonomie dont elle avait joui de tout temps, de sorte qu’aujourd’hui elle n’obéit pas, non plus que les villes qui dépendent d’elle, aux préfets envoyés de Rome pour administrer la province. – Voilà ce que nous avions à dire au sujet de Massalia.»
Grec
4. Κτίσμα δ’ ἐστὶ Φωκαιέων ἡ Μασσαλία, κεῖται δ’ ἐπὶ χωρίου πετρώδους· ὑποπέπτωκε δ’ αὐτῆς ὁ λιμὴν θεατροειδεῖ πέτρᾳ, βλεπούσῃ πρὸς νότον. Τετείχισται δὲ καὶ αὕτη καλῶς καὶ ἡ πόλις σύμπασα, μέγεθος ἔχουσα ἀξιόλογον. Ἐν δὲ τῇ ἄκρᾳ τὸ Ἐφέσιον ἵδρυται καὶ τὸ τοῦ Δελφινίου Ἀπόλλωνος ἱερόν· τοῦτο μὲν κοινὸν Ἰώνων ἁπάντων, τὸ δὲ Ἐφέσιον τῆς Ἀρτέμιδός ἐστι νεὼς τῆς Ἐφεσίας. Ἀπαίρουσι γὰρ τοῖς Φωκαιεῦσιν ἐκ τῆς οἰκείας λόγιον ἐκπεσεῖν φασιν, ἡγεμόνι χρήσασθαι τοῦ πλοῦ παρὰ τῆς Ἐφεσίας Ἀρτέμιδος λαβοῦσι· τοὺς μὲν δὴ προσαχθέντας τῇ Ἐφέσῳ, ζητεῖν ὅντινα τρόπον ἐκ τῆς θεοῦ πορίσαιντο τὸ προσταχθέν. Ἀριστάρχῃ δὲ τῶν ἐντίμων σφόδρα γυναικῶν παραστῆναι κατ’ ὄναρ τὴν θεὸν καὶ κελεῦσαι συναπαίρειν τοῖς Φωκαιεῦσιν, ἀφίδρυμά τι τῶν ἱερῶν λαβούσῃ· γενομένου δὲ τούτου καὶ τῆς ἀποικίας λαβούσης τέλος, τό τε ἱερὸν ἱδρύσασθαι καὶ τὴν Ἀριστάρχην τιμῆσαι διαφερόντως ἱέρειαν ἀποδείξαντας, ἔν τε ταῖς ἀποίκοις πόλεσι πανταχοῦ τιμᾶν ἐν τοῖς πρώτοις ταύτην τὴν θεὸν καὶ τοῦ ξοάνου τὴν διάθεσιν τὴν αὐτὴν καὶ τἆλλα νόμιμα φυλάττειν τὰ αὐτά, ἅπερ ἐν τῇ μητροπόλει νενόμισται.
5. Διοικοῦνται δ’ ἀριστοκρατικῶς οἱ Μασσαλιῶται πάντων εὐνομώτατα, ἀνδρῶν ἑξακοσίων καταστήσαντες συνέδριον, διὰ βίου ταύτην ἐχόντων τὴν τιμήν, οὓς τιμούχους καλοῦσι. Πεντεκαίδεκα δ’ εἰσὶ τοῦ συνεδρίου προεστῶτες, τούτοις δὲ τὰ πρόχειρα διοικεῖν δέδοται. Πάλιν δὲ τῶν πεντεκαίδεκα προκάθηνται τρεῖς οἱ πλεῖστον ἰσχύοντες, τούτων δὲ εἷς· τιμοῦχος [δ’] οὐ γίνεται μὴ τέκνα ἔχων, μηδὲ διὰ τριγονίας ἐκ πολιτῶν γεγονώς. Οἱ δὲ νόμοι Ἰωνικοί, πρόκεινται δὲ δημοσίᾳ. Χώραν δ’ ἔχουσιν ἐλαιόφυτον μὲν καὶ κατάμπελον, σίτῳ δὲ λυπροτέραν διὰ τὴν τραχύτητα, ὥστε πεποιθότες τῇ θαλάττῃ μᾶλλον ἢ τῇ γῇ τὸ πρὸς ναυτιλίας εὐφυὲς εἵλοντο μᾶλλον. Ὕστερον μέντοι ταῖς ἀνδραγαθίαις ἴσχυσαν προσλαβεῖν τινα τῶν πέριξ πεδίων ἀπὸ τῆς αὐτῆς δυνάμεως· ἀφ’ ἧς καὶ τὰς πόλεις ἔκτισαν, ἐπιτειχίσματα τὰς μὲν κατὰ τὴν Ἰβηρίαν τοῖς Ἴβηρσιν, οἷς καὶ τὰ ἱερὰ τῆς Ἐφεσίας Ἀρτέμιδος παρέδοσαν τὰ πάτρια, ὥστε ἑλληνιστὶ θύειν, τὴν δὲ + Ῥόην Ἀγάθην τοῖς περὶ τὸν ποταμὸν οἰκοῦσι τὸν Ῥοδανὸν βαρβάροις, τὸ δὲ Ταυροέντιον καὶ τὴν Ὀλβίαν καὶ Ἀντίπολιν καὶ Νίκαιαν τῷ τῶν Σαλύων ἔθνει καὶ τοῖς Λίγυσι τοῖς τὰς Ἄλπεις οἰκοῦσιν. Εἰσὶ δὲ καὶ νεώσοικοι παρ’ αὐτοῖς καὶ ὁπλοθήκη· πρότερον δὲ καὶ πλοίων εὐπορία καὶ ὅπλων καὶ ὀργάνων τῶν τε πρὸς τὰς ναυτιλίας χρησίμων καὶ τῶν πρὸς πολιορκίας, ἀφ’ ὧν πρός τε τοὺς βαρβάρους ἀντέσχον, καὶ Ῥωμαίους ἐκτήσαντο φίλους, καὶ πολλὰ καὶ αὐτοὶ χρήσιμοι κατέστησαν ἐκείνοις, κἀκεῖνοι προσέλαβον τῆς αὐξήσεως αὐτῶν. Σέξτιος γοῦν ὁ καταλύσας τοὺς Σάλυας, οὐ πολὺ ἄπωθεν τῆς Μασσαλίας κτίσας πόλιν ὁμώνυμον ἑαυτοῦ τε καὶ τῶν ὑδάτων τῶν θερμῶν, ὧν τινὰ μεταβεβληκέναι φασὶν εἰς ψυχρά, ἐνταῦθά τε φρουρὰν κατῴκισε Ῥωμαίων, καὶ ἐκ τῆς παραλίας τῆς εἰς τὴν Ἰταλίαν ἀγούσης ἀπὸ Μασσαλίας ἀνέστειλε τοὺς βαρβάρους, οὐ δυναμένων τῶν Μασσαλιωτῶν ἀνείργειν αὐτοὺς τελέως. Οὐδ’ αὐτὸς δὲ πλέον ἴσχυσεν, ἀλλ’ ἢ τοσοῦτον μόνον, ὅσον κατὰ μὲν τὰ εὐλίμενα ἀπὸ τῆς θαλάττης ἀπελθεῖν (ἐπὶ) τοὺς βαρβάρους ἐπὶ δώδεκα σταδίους, κατὰ δὲ τοὺς τραχῶνας ἐπὶ ὀκτώ· τὴν δὲ λειφθεῖσαν ὑπ’ ἐκείνων τοῖς Μασσαλιώταις παραδέδωκεν. Ἀνάκειται δ’ ἐν πόλει συχνὰ τῶν ἀκροθινίων, ἃ ἔλαβον καταναυμαχοῦντες ἀεὶ τοὺς ἀμφισβητοῦντας τῆς θαλάττης ἀδίκως. Πρότερον μὲν οὖν εὐτύχουν διαφερόντως, περί τε τἆλλα καὶ περὶ τὴν πρὸς Ῥωμαίους φιλίαν, ἧς πολλὰ ἄν τις λάβοι σημεῖα· καὶ δὴ καὶ τὸ ξόανον τῆς Ἀρτέμιδος τῆς ἐν τῷ Ἀβεντίνῳ οἱ Ῥωμαῖοι τὴν αὐτὴν διάθεσιν ἔχον τῷ παρὰ τοῖς Μασσαλιώταις ἀνέθεσαν. Κατὰ δὲ τὴν Πομπηίου πρὸς Καίσαρα στάσιν τῷ κρατηθέντι μέρει προσθέμενοι τὴν πολλὴν τῆς εὐδαιμονίας ἀπέβαλον, ὅμως δ’ οὖν ἴχνη λείπεται τοῦ παλαιοῦ ζήλου παρὰ τοῖς ἀνθρώποις, καὶ μάλιστα περὶ τὰς ὀργανοποιίας καὶ τὴν ναυτικὴν παρασκευήν. Ἐξημερουμένων δ’ ἀεὶ τῶν ὑπερκειμένων βαρβάρων, καὶ ἀντὶ τοῦ πολεμεῖν τετραμμένων ἤδη πρὸς πολιτείας καὶ γεωργίας διὰ τὴν τῶν Ῥωμαίων ἐπικράτειαν, οὐδ’ αὐτοῖς ἔτι τούτοις συμβαίνοι ἂν περὶ τὰ λεχθέντα τοσαύτη σπουδή. Δηλοῖ δὲ τὰ καθεστηκότα νυνί· πάντες γὰρ οἱ χαρίεντες πρὸς τὸ λέγειν τρέπονται καὶ φιλοσοφεῖν, ὥσθ’ ἡ πόλις μικρὸν μὲν πρότερον τοῖς βαρβάροις ἀνεῖτο παιδευτήριον, καὶ φιλέλληνας κατεσκεύαζε τοὺς Γαλάτας, ὥστε καὶ τὰ συμβόλαια ἑλληνιστὶ γράφειν· ἐν δὲ τῷ παρόντι καὶ τοὺς γνωριμωτάτους Ῥωμαίων πέπεικεν, ἀντὶ τῆς εἰς Ἀθήνας ἀποδημίας ἐκεῖσε φοιτᾶν, φιλομαθεῖς ὄντας. Ὁρῶντες δὲ τούτους οἱ Γαλάται καὶ ἅμα εἰρήνην ἄγοντες, τὴν σχολὴν ἄσμενοι πρὸς τοὺς τοιούτους διατίθενται βίους οὐ κατ’ ἄνδρα μόνον, ἀλλὰ καὶ δημοσίᾳ· σοφιστὰς γοῦν ὑποδέχονται τοὺς μὲν ἰδίᾳ, τοὺς δὲ (πόλεις) κοινῇ μισθούμεναι, καθάπερ καὶ ἰατρούς. Τῆς δὲ λιτότητος τῶν βίων καὶ τῆς σωφροσύνης τῶν Μασσαλιωτῶν οὐκ ἐλάχιστον ἄν τις θείη τοῦτο τεκμήριον· ἡ γὰρ μεγίστη προὶξ αὐτοῖς ἐστιν ἑκατὸν χρυσοῖ καὶ εἰς ἐσθῆτα πέντε καὶ πέντε εἰς χρυσοῦν κόσμον· πλέον δ’ οὐκ ἔξεστι. Καὶ ὁ Καῖσαρ δὲ καὶ οἱ μετ’ ἐκεῖνον ἡγεμόνες πρὸς τὰς ἐν τῷ πολέμῳ γενηθείσας ἁμαρτίας ἐμετρίασαν, μεμνημένοι τῆς φιλίας, καὶ τὴν αὐτονομίαν ἐφύλαξαν, ἣν ἐξ ἀρχῆς εἶχεν ἡ πόλις, ὥστε μὴ ὑπακούειν τῶν εἰς τὴν ἐπαρχίαν πεμπομένων στρατηγῶν μήτε αὐτὴν μήτε τοὺς ὑπηκόους. Περὶ μὲν Μασσαλίας ταῦτα.