Sarcophage d’un médecin grec
Romain
Début du IVe siècle
Exposé au Metropolitan Museum of Art, Galerie 300
Le propriétaire de la tombe est représenté assis avec un parchemin ouvert, dans la pose d’un philosophe, démontrant qu’il s’agit d’un homme érudit. Sa profession peut être identifiée grâce à la trousse ouverte contenant des outils chirurgicaux posée sur le dessus du meuble. D’autres parchemins et un bassin pour la saignée des patients à l’intérieur du meuble confirment sa profession. Le style de ses vêtements et la langue de l’inscription indiquent qu’il était l’un des nombreux Grecs vivant en Italie. À partir du IVe siècle, les chrétiens adopteront dans leur art la pose du philosophe et les motifs ondulants, ou strigiles, qui apparaissent sur les côtés du sarcophage.
Des médecins marseillais à Rome

PLINE L’ANCIEN, HISTOIRE NATURELLE.
3. La même époque vit, sous le règne de Néron, la médecine passer entre les mains de Thessalus, qui ne laissait debout aucun des préceptes des anciens, et déclamait avec une sorte de fureur contre les médecins de tous les siècles; avec quelle discrétion et avec quel esprit? c’est ce qu’on peut apprécier par un seul trait : il se donna sur son tombeau , qui est le long de la voie Appienne, le titre d’latronice (vainqueur des médecins). Aucun histrion, aucun palefrenier des cavales du Cirque n’avait, quand il sortait en public, un cortège plus nombreux. Au milieu de cette vogue, son crédit fut éclipsé par celui de Crinas, de Marseille. Crinas, pour paraître plus précautionneux et plus religieux, joignait deux arts: il donnait les aliments d’après le mouvement des astres, consigné sur des éphémérides mathématiques, et observait les heures.
4. Tout récemment, il vient de laisser dix millions de sesterces (2,100,000 fr.), après avoir dépensé une somme presque égale à construire les murailles de sa ville natale , et à bâtir dans d’autres villes. C’étaient là les maîtres de nos destinées, quand tout à coup Charmis, de la même ville de Marseille, fit invasion dans Rome. Non seulement il condamna les anciens médecins, mais encore il proscrivit les bains chauds, et il persuada, même dans la rigueur de l’hiver, de se baigner à l’eau froide. Il plongea les malades dans les bassins; on voyait des vieillards consulaires mettre de l’ostentation à se geler; nous avons même sur cela le témoignage personnel de Sénèque (Epist. 53 et 83). Il n’est pas douteux que tous ces gens-là, cherchant la vogue par quelque nouveauté, l’achetaient aux dépens de notre vie.
5. De là ces misérables débats au chevet des malades, personne n’accédant à l’avis déjà émis, de peur de paraître subordonné à un autre; de là cette funeste inscription sur un tombeau : LE GRAND NOMBRE DE MÉDECINS M’A TUÉ.
La médecine varie tous les jours, après avoir été tant de fois modifiée. Nous sommes poussés par le vent du charlatanisme grec; et il est évident que le premier d’entre eux habile à pérorer devient aussitôt l’arbitre de notre vie et de notre mort; comme si des milliers de peuples ne vivaient pas sans médecins, non pas, il est vrai, sans médecine; tel fut le peuple romain pendant plus de six cents ans; cependant il n’a jamais été lent à recevoir les arts utiles; il a même accueilli la médecine avec avidité, jusqu’à ce que, épreuve faite , il l’ait condamnée.
6. Je passerai même sous silence l’avarice, les marchés cupides quand la destinée est pendante, les douleurs taxées, les arrhes prélevées sur la mort, et ces secrets du métier, par exemple: déplacer seulement, au lieu de l’extraire, le corps opaque dans l’oeil Aussi, rien ne parait-il plus avantageux que le grand nombre de ces aventuriers; ce n’est pas la pudeur,. c’est la concurrence qui leur fait baisser leurs prix. On sait que ce Charmis, dont nous avons parlé, passa marché avec un malade de province pour deux cent mille sesterces ( 42,000 fr.); que l’empereur Claude confisqua sur Alcon le chirurgien, con damné, dix millions de sesterces (2,100, 000 fr.) ; et que ce chirurgien, exilé dans les Gaules, ayant été rappelé, engagea autant en peu d’années.
PLINE L’ANCIEN, HISTOIRE NATURELLE.TOME SECOND. LIVRE XXIX, XL – V 3, 4, 5 – VIII, 6.