Le Gyptis

Photos © P. Pomey, CCJ-CNRS/AMU

Hommage à Patrice Pomey disparu le 7 mars 2021 , directeur de ce projet.

 Vidéo par Antoine Chéné, ORAC Vidéo – Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 France


L’approvisionnement du bois, depuis la sélection des arbres selon leur essence, leur taille et la forme de leur parties aériennes (tronc et houppier) le travail des élagueurs et le transport sur le lieu de stockage.


Le Projet Protis a franchi une étape significative avec la nouvelle vidéo d’A. Chené, réalisée deux ans après les premières images documentant la sélection et l’abattage des arbres. Cette nouvelle séquence de neuf minutes se concentre sur la phase expérimentale, une étape cruciale précédant la construction du navire Gyptis.

Phase Expérimentale

Ces expérimentations ont joué un rôle fondamental dans la préparation du projet de construction navale. Elles ont permis aux artisans de maîtriser les gestes essentiels et de se familiariser avec les différentes techniques de construction. Cette période d’apprentissage et d’essais a également été l’occasion d’identifier et de tester les outils appropriés pour la construction du navire.Cette phase préparatoire méthodique a constitué un préalable indispensable avant de se lancer dans la construction effective du Gyptis, garantissant ainsi une meilleure compréhension des méthodes de construction navale anciennes et une exécution plus précise du projet.


Les épaves grecques archaïques découvertes en 1993, juste à côté de l’hôtel de ville, sous la place Jules-Verne et désignées sous les noms de JV7 et JV9, vidéo du Musée d’Histoire de Marseille.

Les archéologues ont pu guider la construction du Gyptis grâce à l’étude minutieuse des épaves Jules-Verne 7 et Jules-Verne 9, remarquablement conservées. L’analyse détaillée des vestiges a permis de comprendre les techniques d’assemblage utilisées au VIe siècle av. J.-C., notamment le système de ligatures végétales pour la barque Jules-Verne 9 et la méthode mixte combinant tenons chevillés, clous et ligatures pour Jules-Verne 7. La restitution des procédés de construction s’est appuyée sur une méthodologie rigoureuse incluant l’observation systématique des indices archéologiques et leur interprétation technique. Les chercheurs ont pu déduire des vestiges les principes et procédés de construction navale mis en œuvre par les charpentiers grecs massaliotes, tant pour les gestes et techniques que pour les outils et matériaux employés .Cette démarche expérimentale s’inscrit dans une approche scientifique moderne de l’archéologie navale, où l’étude des vestiges permet non seulement de comprendre les caractéristiques architecturales du navire, mais aussi de restituer précisément les processus de construction. Les données recueillies lors des fouilles ont ainsi permis de transmettre aux charpentiers contemporains les connaissances nécessaires pour reproduire fidèlement les techniques de construction navale antiques.


La construction du Gyptis débute par la pose de la quille, suivant les méthodes développées durant la phase expérimentale. Les charpentiers de marine affrontent le défi particulier de la construction en bordé premier, qui exige un ajustage minutieux des virures. Leur expertise permet notamment d’éclairer la présence de certains trous chevillés dans les bordages, jusque-là inexpliqués par l’archéologie. Une fois les ligatures achevées, la vérification des formes révèle une légère asymétrie à corriger ultérieurement. La pose des varangues au fond de la carène vient enfin renforcer la structure, préparant ainsi la mise en place des bordés supérieurs.



La construction du navire Gyptis s’achève avec la mise en place des derniers éléments structurels : bordés, préceintes, allonges de membrure, barreau de gouvernail et massif d’emplanture pour le mât. L’étanchéité est assurée par un enduit de cire et de poix de conifères appliqué à l’intérieur, tandis que l’extérieur reçoit le même enduit teinté d’oxyde de fer ou de charbon de bois pour son esthétique. Une touche symbolique est apportée avec le placement d’une monnaie grecque moderne dans le massif d’emplanture et la peinture d’un œil prophylactique protecteur.

Le Gyptis quitte alors le chantier pour sa mise à l’eau sur la cale de lancement, effectuant sa première navigation dans le Vieux-Port de Marseille sous les applaudissements du public.



Premiers essais concluants dans la rade de Marseille, programme de navigation côtière du bateau et de son équipage qui rejoignent Cassis, La Ciotat, et enfin les Embiez.



Références

protis.hypotheses.org